Serveur HTTP Apache Version 2.5
Ce document est en partie obsolète et son contenu peut s'avérer inapproprié.
Apache 2.4 est un serveur web à usage général, conçu dans un but d'équilibre entre souplesse, portabilité et performances. Bien que non conçu dans le seul but d'établir une référence en la matière, Apache 2.4 est capable de hautes performances dans de nombreuses situations du monde réel.
Ce document décrit les options qu'un administrateur de serveur peut configurer pour améliorer les performances d'une installation d'Apache 2.4. Certaines de ces options de configuration permettent au démon httpd de mieux tirer parti des possibilités du matériel et du système d'exploitation, tandis que d'autres permettent à l'administrateur de privilégier la vitesse par rapport aux fonctionnalités.
Le principal problème matériel qui affecte les performances du serveur
web est la mémoire vive (RAM). Un serveur web ne devrait jamais avoir à
utiliser le swap, car le swapping augmente le temps de réponse de chaque
requête au delà du point que les utilisateurs considèrent comme
"trop lent". Ceci incite les utilisateurs à cliquer sur "Stop", puis
"Charger à nouveau", ce qui a pour effet d'augmenter encore la charge
du serveur. Vous pouvez, et même devez définir la valeur de la directive
MaxRequestWorkers
de façon à ce que
votre serveur ne lance pas un nombre de processus enfants tel qu'il
commence à faire du swapping. La méthode pour y parvenir est
simple : déterminez la taille de votre processus Apache standard en
consultant votre liste de processus à l'aide d'un outil tel que
top
, et divisez votre quantité totale de mémoire disponible
par cette taille, tout en gardant un espace suffisant
pour les autres processus.
Hormis ce réglage relatif à la mémoire, le reste est trivial : le processeur, la carte réseau et les disques doivent être suffisamment rapides, où "suffisamment rapide" doit être déterminé par l'expérience.
Le choix du système d'exploitation dépend principalement du contexte local. Voici cependant quelques conseils qui se sont généralement avérés utiles :
Exécutez la dernière version stable et le niveau de patches le plus haut du système d'exploitation que vous avez choisi. De nombreux éditeurs de systèmes d'exploitation ont amélioré de manière significative les performances de leurs piles TCP et de leurs bibliothèques de thread ces dernières années.
Si votre système d'exploitation possède un appel système
sendfile(2)
, assurez-vous d'avoir installé la version
et/ou les patches nécessaires à son activation. (Pour Linux, par
exemple, cela se traduit par Linux 2.4 ou plus. Pour les versions
anciennes de Solaris 8, vous pouvez être amené à appliquer un patch.)
Sur les systèmes où il est disponible, sendfile
permet
à Apache de servir les contenus statiques plus rapidement, tout en
induisant une charge CPU inférieure.
Modules Apparentés | Directives Apparentées |
---|---|
Avant Apache 1.3, la directive
HostnameLookups
était positionnée
par défaut à On
, ce qui impliquait une recherche DNS et donc un temps d'attente
supplémentaire pour chaque requête. Avec Apache 2.4, HostnameLookups
est positionnée par défaut à
Off
. Si vous avez besoin de convertir des adresses IP en noms
d'hôtes dans vos fichiers journaux, il est préférable d'effectuer un
traitement à postériori plutôt que de forcer Apache à le faire en temps
réel. Il est recommandé d'effectuer ce genre de traitement a posteriori
de vos fichiers journaux sur une autre machine que celle qui héberge le
serveur web en production, afin que cette activité n'affecte pas les
performances du serveur.
Si vous utilisez une directive
ou
Allow
from domain
(ce qui signifie que vous utilisez un nom d'hôte ou un nom de domaine à
la place d'une adresse IP), vous devrez compter avec deux recherches
DNS (une recherche inverse suivie d'une recherche directe pour
s'assurer que l'adresse IP n'a pas été usurpée). C'est pourquoi il est
préférable, pour améliorer les performances, et chaque fois que c'est
possible, d'utiliser des adresses IP plutôt que des noms de domaines.Deny
from domain
Veuillez utiliser la directive Require
avec Apache 2.4 ; pour plus de
détails, reportez-vous au guide de mise à
jour correspondant.
Notez qu'il est possible de modifier la portée des directives, en les
plaçant par exemple à l'intérieur d'une section
<Location "/server-status">
. Les recherches DNS ne
seront alors effectuées que pour les requêtes qui satisfont aux critères.
Voici un exemple qui désactive les recherches DNS sauf pour les fichiers
.html
et .cgi
:
<Files ~ "\.(html|cgi)$"> HostnameLookups on </Files>
Mais même dans ce cas, si vous n'avez besoin de noms DNS que dans
certains CGIs, vous pouvez effectuer l'appel à gethostbyname
dans les CGIs spécifiques qui en ont besoin.
Chaque fois que la ligne Options FollowSymLinks
sera
absente, ou que la ligne Options SymLinksIfOwnerMatch
sera
présente dans votre espace d'adressage, Apache devra effectuer des
appels système supplémentaires pour vérifier la présence de liens
symboliques. Un appel supplémentaire par élément du chemin du fichier.
Par exemple, si vous avez :
DocumentRoot "/www/htdocs" <Directory "/"> Options SymLinksIfOwnerMatch </Directory>
et si une requête demande l'URI /index.html
, Apache
effectuera un appel à lstat(2)
pour
/www
, /www/htdocs
, et
/www/htdocs/index.html
. Les résultats de ces appels à
lstat
ne sont jamais mis en cache, ils devront donc être
générés à nouveau pour chaque nouvelle requête. Si vous voulez absolument
vérifier la sécurité des liens symboliques, vous pouvez utiliser une
configuration du style :
DocumentRoot "/www/htdocs" <Directory "/"> Options FollowSymLinks </Directory> <Directory "/www/htdocs"> Options -FollowSymLinks +SymLinksIfOwnerMatch </Directory>
Ceci évite au moins les vérifications supplémentaires pour le chemin
défini par DocumentRoot
. Notez que
vous devrez ajouter des sections similaires si vous avez des chemins
définis par les directives
Alias
ou
RewriteRule
en dehors de
la racine de vos documents. Pour améliorer les performances, et supprimer
toute protection des liens symboliques, ajoutez l'option
FollowSymLinks
partout, et n'utilisez jamais l'option
SymLinksIfOwnerMatch
.
Dans toute partie de votre espace d'adressage où vous autoriserez
la surcharge de la configuration (en général à l'aide de fichiers
.htaccess
), Apache va tenter d'ouvrir .htaccess
pour chaque élément du chemin du fichier demandé. Par exemple, si vous
avez :
DocumentRoot "/www/htdocs" <Directory "/"> AllowOverride all </Directory>
et qu'une requête demande l'URI /index.html
, Apache
tentera d'ouvrir /.htaccess
, /www/.htaccess
,
et /www/htdocs/.htaccess
. Les solutions sont similaires à
celles évoquées précédemment pour Options FollowSymLinks
.
Pour améliorer les performances, utilisez AllowOverride None
pour tous les niveaux de votre espace d'adressage.
Dans la mesure du possible, évitez toute négociation de contenu si vous tenez au moindre gain en performances. En pratique toutefois, les bénéfices de la négociation l'emportent souvent sur la diminution des performances. Il y a cependant un cas dans lequel vous pouvez accélérer le serveur. Au lieu d'utiliser une directive générique comme :
DirectoryIndex index
utilisez une liste explicite d'options :
DirectoryIndex index.cgi index.pl index.shtml index.html
où vous placez le choix courant en première position.
Notez aussi que créer explicitement un fichier de
correspondances de type
fournit de meilleures performances
que l'utilisation des MultiViews
, car les informations
nécessaires peuvent être simplement obtenues en lisant ce fichier, sans
avoir à parcourir le répertoire à la recherche de types de fichiers.
Par conséquent, si la négociation de contenu est nécessaire pour votre
site, préférez les fichiers de correspondances de type
aux
directives Options MultiViews
pour mener à bien cette
négociation. Se référer au document sur la
Négociation de contenu pour une
description complète des méthodes de négociation, et les instructions
permettant de créer des fichiers de correspondances de type
.
Dans les situations où Apache 2.x doit consulter le contenu d'un
fichier en train d'être servi - par exemple à l'occasion du traitement
d'une inclusion côté serveur - il transfère en général le fichier en
mémoire si le système d'exploitation supporte une forme quelconque
de mmap(2)
.
Sur certains systèmes, ce transfert en mémoire améliore les performances. Dans certains cas, ce transfert peut toutefois les dégrader et même diminuer la stabilité du démon httpd :
Dans certains systèmes d'exploitation, mmap
devient
moins efficace que read(2)
quand le nombre de
processeurs augmente. Sur les serveurs multiprocesseurs sous Solaris,
par exemple, Apache 2.x sert parfois les fichiers consultés par le
serveur plus rapidement quand mmap
est désactivé.
Si vous transférez en mémoire un fichier localisé dans un système de fichiers monté par NFS, et si un processus sur une autre machine cliente NFS supprime ou tronque le fichier, votre processus peut rencontrer une erreur de bus la prochaine fois qu'il essaiera d'accéder au contenu du fichier en mémoire.
Pour les installations où une de ces situations peut se produire,
vous devez utiliser EnableMMAP off
afin de désactiver le
transfert en mémoire des fichiers servis. (Note : il est possible de
passer outre cette directive au niveau de chaque répertoire.)
Dans les cas où Apache peut se permettre d'ignorer le contenu du
fichier à servir - par exemple, lorsqu'il sert un contenu de fichier
statique - il utilise en général le support sendfile du noyau si le
système d'exploitation supporte l'opération sendfile(2)
.
Sur la plupart des plateformes, l'utilisation de sendfile améliore les performances en éliminant les mécanismes de lecture et envoi séparés. Dans certains cas cependant, l'utilisation de sendfile peut nuire à la stabilité du démon httpd :
Certaines plateformes peuvent présenter un support de sendfile défaillant que la construction du système n'a pas détecté, en particulier si les binaires ont été construits sur une autre machine et transférés sur la machine où le support de sendfile est défaillant.
Dans le cas d'un système de fichiers monté sous NFS, le noyau peut s'avérer incapable de servir les fichiers réseau de manière fiable depuis son propre cache.
Pour les installations où une de ces situations peut se produire,
vous devez utiliser EnableSendfile off
afin de désactiver
la mise à disposition de contenus de fichiers par sendfile. (Note : il
est possible de passer outre cette directive au niveau de chaque
répertoire.)
La directive MaxConnectionsPerChild
permet de limiter le
nombre de connexions qu'un processus enfant peut gérer au cours de sa vie
(par défaut, la valeur est 0
, soit aucune limite). Tous les MPMs sont concernés, même ceux qui utilisent
des threads. Par exemple, chaque processus créé par le MPM
worker
lance plusieurs threads qui gèrent les connexions,
mais cette directive n'en affecte pas le nombre total. Cela signifie
seulement que la valeur de la directive MaxConnectionsPerChild
ne limitera que le
nombre de requêtes traitées par les threads lancés par un seul processus
enfant.
Dans des conditions d'utilisation optimales, la directive MaxConnectionsPerChild
ne devrait imposer
aucune limite, car il n'y a à priori aucune raison de tuer un processus, si
ce n'est suite à un bug logiciel causant des fuites de mémoire ou un usage
excessif du CPU.
Lorsque le mode "keep-alive" est activé, un processus (ou un thread lancé
par un processus) est
maintenu et ne fait rien sinon attendre la prochaine requête sur la
connexion déjà ouverte. La valeur par défaut de 5
de la
directive KeepAliveTimeout
tend à
minimiser cet effet. Il faut trouver le bon compromis entre la bande
passante réseau et les ressources du serveur.
Apache 2.x supporte les modèles simultanés enfichables, appelés
Modules Multi-Processus (MPMs). Vous devez
choisir un MPM au moment de la construction d'Apache. Certaines
plateformes ont des modules MPM spécifiques :
mpm_netware
, mpmt_os2
et
mpm_winnt
. Sur les systèmes de type Unix, vous avez le
choix entre un grand nombre de modules MPM. Le choix du MPM peut affecter
la vitesse et l'évolutivité du démon httpd :
worker
utilise plusieurs processus
enfants possédant chacun de nombreux threads. Chaque thread gère une
seule connexion à la fois. Worker est en général un bon choix pour les
serveurs présentant un traffic important car il possède une empreinte
mémoire plus petite que le MPM prefork.event
utilise
les threads, mais il a été conçu pour traiter davantage de
requêtes simultanément en confiant une partie du travail à des
threads de support, ce qui permet aux threads principaux de
traiter de nouvelles requêtes.prefork
utilise plusieurs processus enfants
possédant chacun un seul thread. Chaque processus gère une seule
connexion à la fois. Sur de nombreux systèmes, prefork est comparable
en matière de vitesse à worker, mais il utilise plus de mémoire. De par
sa conception sans thread, prefork présente des avantages par rapport à
worker dans certaines situations : il peut être utilisé avec les
modules tiers qui ne supportent pas le threading, et son débogage est plus
aisé sur les platesformes présentant un support du débogage des threads
rudimentaire.Pour plus d'informations sur ces deux MPMs et les autres, veuillez vous référer à la documentation sur les MPM.
Comme le contrôle de l'utilisation de la mémoire est très important
en matière de performance, il est conseillé d'éliminer les modules que
vous n'utilisez pas vraiment. Si vous avez construit ces modules en
tant que DSOs, leur élimination consiste
simplement à commenter la directive
LoadModule
associée à ce
module. Ceci vous permet de vérifier si votre site fonctionne toujours
après la suppression de tel ou tel module.
Par contre, si les modules que vous voulez supprimer sont liés statiquement à votre binaire Apache, vous devrez recompiler ce dernier afin de pouvoir les éliminer.
La question qui découle de ce qui précède est évidemment de
savoir de quels modules vous avez besoin et desquels vous pouvez vous
passer. La réponse sera bien entendu différente d'un site web à
l'autre. Cependant, la liste minimale de modules nécessaire à
la survie de votre site contiendra certainement
mod_mime
, mod_dir
et
mod_log_config
. mod_log_config
est bien
entendu optionnel puisque vous pouvez faire fonctionner un site web
en se passant de fichiers journaux ; ceci est cependant
déconseillé.
Certains modules, à l'instar de mod_cache
et des
versions de développement récentes du MPM worker, utilisent l'API
atomique d'APR. Cette API propose des opérations atomiques que l'on
peut utiliser pour alléger la synchronisation des threads.
Par défaut, APR implémente ces opérations en utilisant les
mécanismes les plus efficaces disponibles sur chaque plateforme cible
(Système d'exploitation et processeur). De nombreux processeurs modernes,
par exemple, possèdent une instruction qui effectue une opération
atomique de type comparaison et échange ou compare-and-swap (CAS) au
niveau matériel. Sur certaines platesformes cependant, APR utilise par
défaut une implémentation de l'API atomique plus lente, basée sur les
mutex, afin d'assurer la compatibilité avec les anciens modèles de
processeurs qui ne possèdent pas ce genre d'instruction. Si vous
construisez Apache pour une de ces platesformes, et ne prévoyez de
l'exécuter que sur des processeurs récents, vous pouvez sélectionner une
implémentation atomique plus rapide à la compilation en utilisant
l'option --enable-nonportable-atomics
du
script configure :
./buildconf
./configure --with-mpm=worker --enable-nonportable-atomics=yes
L'option --enable-nonportable-atomics
concerne les
platesformes suivantes :
--enable-nonportable-atomics
au script configure, APR
génère un code qui utilise le code opération SPARC v8plus pour des
opérations de compare-and-swap matériel plus rapides. Si vous
utilisez cette option de configure avec Apache, les opérations
atomiques seront plus efficaces (permettant d'alléger la charge du
processeur et un plus haut niveau de simultanéité), mais
l'exécutable produit ne fonctionnera que sur les processeurs
UltraSPARC.
--enable-nonportable-atomics
au script configure,
APR générera un code qui utilise un code d'opération du 486
pour des opérations de compare-and-swap matériel plus rapides. Le
code résultant est plus efficace en matière d'opérations atomiques,
mais l'exécutable produit ne fonctionnera que sur des processeurs
486 et supérieurs (et non sur des 386).
Si vous incluez le module mod_status
à la
construction d'Apache et ajoutez ExtendedStatus On
à sa
configuration, Apache va effectuer pour chaque requête deux appels à
gettimeofday(2)
(ou times(2)
selon votre
système d'exploitation), et (pour les versions antérieures à 1.3) de
nombreux appels supplémentaires à time(2)
. Tous ces
appels sont effectués afin que le rapport de statut puisse contenir
des indications temporelles. Pour améliorer les performances, utilisez
ExtendedStatus off
(qui est le réglage par défaut).
Cette section n'a pas été totalement mise à jour car elle ne tient pas compte des changements intervenus dans la version 2.x du Serveur HTTP Apache. Certaines informations sont encore pertinentes, il vous est cependant conseillé de les utiliser avec prudence.
Ce qui suit est une brève discussion à propos de l'API des sockets
Unix. Supposons que votre serveur web utilise plusieurs directives
Listen
afin d'écouter
plusieurs ports ou de multiples adresses. Afin de tester chaque socket
pour voir s'il a une connexion en attente, Apache utilise
select(2)
. select(2)
indique si un socket a
zéro ou au moins une connexion en attente. Le modèle
d'Apache comporte plusieurs processus enfants, et tous ceux qui sont
inactifs testent la présence de nouvelles connexions au même moment.
Une implémentation rudimentaire de ceci pourrait ressembler à
l'exemple suivant
(ces exemples ne sont pas extraits du code d'Apache, ils ne sont
proposés qu'à des fins pédagogiques) :
for (;;) { for (;;) { fd_set accept_fds; FD_ZERO (&accept_fds); for (i = first_socket; i <= last_socket; ++i) { FD_SET (i, &accept_fds); } rc = select (last_socket+1, &accept_fds, NULL, NULL, NULL); if (rc < 1) continue; new_connection = -1; for (i = first_socket; i <= last_socket; ++i) { if (FD_ISSET (i, &accept_fds)) { new_connection = accept (i, NULL, NULL); if (new_connection != -1) break; } } if (new_connection != -1) break; } process_the(new_connection); }
Mais cette implémentation rudimentaire présente une sérieuse lacune.
Rappelez-vous que les processus enfants exécutent cette boucle au même
moment ; ils vont ainsi bloquer sur select
s'ils se trouvent
entre deux requêtes. Tous ces processus bloqués vont se réactiver et
sortir de select
quand une requête va apparaître sur un des
sockets (le nombre de processus enfants qui se réactivent varie en
fonction du système d'exploitation et des réglages de synchronisation).
Ils vont alors tous entrer dans la boucle et tenter un
"accept"
de la connexion. Mais seulement un d'entre eux y
parviendra (en supposant qu'il ne reste q'une seule connexion en
attente), les autres vont se bloquer au niveau de accept
.
Ceci verrouille vraiment ces processus de telle sorte qu'ils ne peuvent
plus servir de requêtes que par cet unique socket, et il en sera ainsi
jusqu'à ce que suffisamment de nouvelles requêtes apparaissent sur ce
socket pour les réactiver tous. Cette lacune a été documentée pour la
première fois dans
PR#467. Il existe
au moins deux solutions.
La première consiste à rendre les sockets non blocants. Dans ce cas,
accept
ne bloquera pas les processus enfants, et ils
pourront continuer à s'exécuter immédiatement. Mais ceci consomme des
ressources processeur. Supposons que vous ayez dix processus enfants
inactifs dans select
, et qu'une connexion arrive.
Neuf des dix processus vont se réactiver, tenter un accept
de la connexion, échouer, et boucler dans select
, tout en
n'ayant finalement rien accompli. Pendant ce temps, aucun de ces processus
ne traite les requêtes qui arrivent sur d'autres sockets jusqu'à ce
qu'ils retournent dans select
. Finalement, cette solution
ne semble pas très efficace, à moins que vous ne disposiez d'autant de
processeurs inactifs (dans un serveur multiprocesseur) que de processus
enfants inactifs, ce qui n'est pas une situation très courante.
Une autre solution, celle qu'utilise Apache, consiste à sérialiser les entrées dans la boucle interne. La boucle ressemble à ceci (les différences sont mises en surbrillance) :
for (;;) { accept_mutex_on (); for (;;) { fd_set accept_fds; FD_ZERO (&accept_fds); for (i = first_socket; i <= last_socket; ++i) { FD_SET (i, &accept_fds); } rc = select (last_socket+1, &accept_fds, NULL, NULL, NULL); if (rc < 1) continue; new_connection = -1; for (i = first_socket; i <= last_socket; ++i) { if (FD_ISSET (i, &accept_fds)) { new_connection = accept (i, NULL, NULL); if (new_connection != -1) break; } } if (new_connection != -1) break; } accept_mutex_off (); process the new_connection; }
Les fonctions
accept_mutex_on
et accept_mutex_off
implémentent un sémaphore permettant une exclusion mutuelle. Un seul
processus enfant à la fois peut posséder le mutex. Plusieurs choix se
présentent pour implémenter ces mutex. Ce choix est défini dans
src/conf.h
(versions antérieures à 1.3) ou
src/include/ap_config.h
(versions 1.3 ou supérieures).
Certaines architectures ne font pas ce choix du mode de verrouillage ;
l'utilisation de directives
Listen
multiples sur ces
architectures est donc peu sûr.
La directive Mutex
permet
de modifier l'implémentation du mutex mpm-accept
à
l'exécution. Des considérations spécifiques aux différentes
implémentations de mutex sont documentées avec cette directive.
Une autre solution qui a été imaginée mais jamais implémentée, consiste à sérialiser partiellement la boucle -- c'est à dire y faire entrer un certain nombre de processus. Ceci ne présenterait un intérêt que sur les machines multiprocesseurs où plusieurs processus enfants peuvent s'exécuter simultanément, et encore, la sérialisation ne tire pas vraiment parti de toute la bande passante. C'est une possibilité d'investigation future, mais demeure de priorité basse car les serveurs web à architecture hautement parallèle ne sont pas la norme.
Pour bien faire, vous devriez faire fonctionner votre serveur sans
directives Listen
multiples
si vous visez les performances les plus élevées.
Mais lisez ce qui suit.
Ce qui précède convient pour les serveurs à sockets multiples, mais
qu'en est-il des serveurs à socket unique ? En théorie, ils ne
devraient pas rencontrer les mêmes problèmes car tous les processus
enfants peuvent se bloquer dans accept(2)
jusqu'à ce qu'une
connexion arrive, et ils ne sont pas utilisés à ne rien faire. En
pratique, ceci dissimule un même comportement de bouclage
discuté plus haut dans la solution non-blocante. De la manière dont
sont implémentées les piles TCP, le noyau réactive véritablement tous les
processus bloqués dans accept
quand une seule connexion
arrive. Un de ces processus prend la connexion en compte et retourne
dans l'espace utilisateur, les autres bouclant dans l'espace du
noyau et se désactivant quand ils s'aperçoivent qu'il n'y a pas de
connexion pour eux. Ce bouclage est invisible depuis le code de l'espace
utilisateur, mais il est quand-même présent. Ceci peut conduire à la
même augmentation de charge à perte que la solution non blocante au cas
des sockets multiples peut induire.
Pour cette raison, il apparaît que de nombreuses architectures se
comportent plus "proprement" si on sérialise même dans le cas d'une socket
unique. Il s'agit en fait du comportement par défaut dans la plupart des
cas. Des expériences poussées sous Linux (noyau 2.0.30 sur un
biprocesseur Pentium pro 166 avec 128 Mo de RAM) ont montré que la
sérialisation d'une socket unique provoque une diminution inférieure à 3%
du nombre de requêtes par secondes par rapport au traitement non
sérialisé. Mais le traitement non sérialisé des sockets uniques induit
un temps de réponse supplémentaire de 100 ms pour chaque requête. Ce
temps de réponse est probablement provoqué par une limitation sur les
lignes à haute charge, et ne constitue un problème que sur les réseaux
locaux. Si vous voulez vous passer de la sérialisation des sockets
uniques, vous pouvez définir
SINGLE_LISTEN_UNSERIALIZED_ACCEPT
et les
serveurs à socket unique ne pratiqueront plus du tout la
sérialisation.
Comme discuté dans draft-ietf-http-connection-00.txt section 8, pour implémenter de manière fiable le protocole, un serveur HTTP doit fermer les deux directions d'une communication indépendamment (rappelez-vous qu'une connexion TCP est bidirectionnelle, chaque direction étant indépendante de l'autre).
Quand cette fonctionnalité fut ajoutée à Apache, elle causa une
avalanche de problèmes sur plusieurs versions d'Unix à cause d'une
implémentation à courte vue. La spécification TCP ne précise pas que
l'état FIN_WAIT_2
possède un temps de réponse mais elle ne
l'exclut pas. Sur les systèmes qui n'introduisent pas ce temps de
réponse, Apache 1.2 induit de nombreux blocages définitifs de socket
dans l'état FIN_WAIT_2
. On peut eviter ceci dans de nombreux
cas tout simplement en mettant à jour TCP/IP avec le dernier patch mis à
disposition par le fournisseur. Dans les cas où le fournisseur n'a
jamais fourni de patch (par exemple, SunOS4 -- bien que les utilisateurs
possédant une license source puissent le patcher eux-mêmes), nous avons
décidé de désactiver cette fonctionnalité.
Il y a deux méthodes pour arriver à ce résultat. La première est
l'option de socket SO_LINGER
. Mais le sort a voulu que cette
solution ne soit jamais implémentée correctement dans la plupart des
piles TCP/IP. Et même dans les rares cas où cette solution a été
implémentée correctement (par exemple Linux 2.0.31), elle se
montre beaucoup plus gourmande (en temps processeur) que la solution
suivante.
Pour la plus grande partie, Apache implémente cette solution à l'aide
d'une fonction appelée lingering_close
(définie dans
http_main.c
). La fonction ressemble approximativement à
ceci :
void lingering_close (int s) { char junk_buffer[2048]; /* shutdown the sending side */ shutdown (s, 1); signal (SIGALRM, lingering_death); alarm (30); for (;;) { select (s for reading, 2 second timeout); if (error) break; if (s is ready for reading) { if (read (s, junk_buffer, sizeof (junk_buffer)) <= 0) { break; } /* just toss away whatever is here */ } } close (s); }
Ceci ajoute naturellement un peu de charge à la fin d'une connexion,
mais s'avère nécessaire pour une implémentation fiable. Comme HTTP/1.1
est de plus en plus présent et que toutes les connexions sont
persistentes, la charge sera amortie par la multiplicité des requêtes.
Si vous voulez jouer avec le feu en désactivant cette fonctionnalité,
vous pouvez définir NO_LINGCLOSE
, mais c'est fortement
déconseillé. En particulier, comme les connexions persistantes en
pipeline de HTTP/1.1 commencent à être utilisées,
lingering_close
devient une absolue nécessité (et les
connexions en pipeline sont plus rapides ; vous avez donc tout
intérêt à les supporter).
Les processus parent et enfants d'Apache communiquent entre eux à
l'aide d'un objet appelé "Tableau de bord" (Scoreboard). Idéalement, cet
échange devrait s'effectuer en mémoire partagée. Pour les systèmes
d'exploitation auxquels nous avons eu accès, ou pour lesquels nous avons
obtenu des informations suffisamment détaillées pour effectuer un
portage, cet échange est en général implémenté en utilisant la mémoire
partagée. Pour les autres, on utilise par défaut un fichier d'échange sur
disque. Le fichier d'échange sur disque est non seulement lent, mais
aussi peu fiable (et propose moins de fonctionnalités). Recherchez dans
le fichier src/main/conf.h
correspondant à votre
architecture soit USE_MMAP_SCOREBOARD
, soit
USE_SHMGET_SCOREBOARD
. La définition de l'un des deux
(ainsi que leurs compagnons respectifs HAVE_MMAP
et
HAVE_SHMGET
), active le code fourni pour la mémoire
partagée. Si votre système propose une autre solution pour la gestion de
la mémoire partagée, éditez le fichier src/main/http_main.c
et ajoutez la portion de code nécessaire pour pouvoir l'utiliser dans
Apache (Merci de nous envoyer aussi le patch correspondant).
Si vous n'avez pas l'intention d'utiliser les modules chargés
dynamiquement (ce qui est probablement le cas si vous êtes en train de
lire ce document afin de personnaliser votre serveur en recherchant le
moindre des gains en performances), vous pouvez ajouter la définition
-DDYNAMIC_MODULE_LIMIT=0
à la construction de votre serveur.
Ceci aura pour effet de libérer la mémoire RAM allouée pour le
chargement dynamique des modules.
Voici la trace d'un appel système d'Apache 2.0.38 avec le MPM worker sous Solaris 8. Cette trace a été collectée à l'aide de la commande :
truss -l -p httpd_child_pid.
L'option -l
demande à truss de tracer l'ID du LWP
(lightweight process--la version de Solaris des threads niveau noyau) qui
invoque chaque appel système.
Les autres systèmes peuvent proposer des utilitaires de traçage
des appels système différents comme strace
,
ktrace
, ou par
. Ils produisent cependant tous une
trace similaire.
Dans cette trace, un client a demandé un fichier statique de 10 ko au démon httpd. Le traçage des requêtes pour des contenus non statiques ou comportant une négociation de contenu a une présentation différente (et même assez laide dans certains cas).
/67: accept(3, 0x00200BEC, 0x00200C0C, 1) (sleeping...) /67: accept(3, 0x00200BEC, 0x00200C0C, 1) = 9
Dans cette trace, le thread à l'écoute s'exécute à l'intérieur de LWP #67.
accept(2)
. Sur
cette plateforme spécifique, le MPM worker utilise un accept non sérialisé
par défaut sauf s'il est en écoute sur des ports multiples./65: lwp_park(0x00000000, 0) = 0 /67: lwp_unpark(65, 1) = 0
Après avoir accepté la connexion, le thread à l'écoute réactive un thread du worker pour effectuer le traitement de la requête. Dans cette trace, le thread du worker qui traite la requête est associé à LWP #65.
/65: getsockname(9, 0x00200BA4, 0x00200BC4, 1) = 0
Afin de pouvoir implémenter les hôtes virtuels, Apache doit connaître
l'adresse du socket local utilisé pour accepter la connexion. On pourrait
supprimer cet appel dans de nombreuses situations (par exemple dans le cas
où il n'y a pas d'hôte virtuel ou dans le cas où les directives
Listen
contiennent des adresses
sans caractères de substitution). Mais aucun effort n'a été accompli à ce
jour pour effectuer ces optimisations.
/65: brk(0x002170E8) = 0 /65: brk(0x002190E8) = 0
L'appel brk(2)
alloue de la mémoire dans le tas. Ceci est
rarement visible dans une trace d'appel système, car le démon httpd
utilise des allocateurs mémoire de son cru (apr_pool
et
apr_bucket_alloc
) pour la plupart des traitements de requêtes.
Dans cette trace, le démon httpd vient juste de démarrer, et il doit
appeler malloc(3)
pour réserver les blocs de mémoire
nécessaires à la création de ses propres allocateurs de mémoire.
/65: fcntl(9, F_GETFL, 0x00000000) = 2 /65: fstat64(9, 0xFAF7B818) = 0 /65: getsockopt(9, 65535, 8192, 0xFAF7B918, 0xFAF7B910, 2190656) = 0 /65: fstat64(9, 0xFAF7B818) = 0 /65: getsockopt(9, 65535, 8192, 0xFAF7B918, 0xFAF7B914, 2190656) = 0 /65: setsockopt(9, 65535, 8192, 0xFAF7B918, 4, 2190656) = 0 /65: fcntl(9, F_SETFL, 0x00000082) = 0
Ensuite, le thread de worker passe la connexion du client (descripteur
de fichier 9) en mode non blocant. Les appels setsockopt(2)
et getsockopt(2)
constituent un effet de bord de la manière
dont la libc de Solaris utilise fcntl(2)
pour les sockets.
/65: read(9, " G E T / 1 0 k . h t m".., 8000) = 97
Le thread de worker lit la requête du client.
/65: stat("/var/httpd/apache/httpd-8999/htdocs/10k.html", 0xFAF7B978) = 0 /65: open("/var/httpd/apache/httpd-8999/htdocs/10k.html", O_RDONLY) = 10
Ce démon httpd a été configuré avec les options
Options FollowSymLinks
et AllowOverride None
. Il
n'a donc ni besoin d'appeler lstat(2)
pour chaque répertoire
du chemin du fichier demandé, ni besoin de vérifier la présence de fichiers
.htaccess
. Il appelle simplement stat(2)
pour
vérifier d'une part que le fichier existe, et d'autre part que c'est un
fichier régulier, et non un répertoire.
/65: sendfilev(0, 9, 0x00200F90, 2, 0xFAF7B53C) = 10269
Dans cet exemple, le démon httpd peut envoyer l'en-tête de la réponse
HTTP et le fichier demandé à l'aide d'un seul appel système
sendfilev(2)
. La sémantique de sendfile varie en fonction des
systèmes d'exploitation. Sur certains autres systèmes, il faut faire un
appel à write(2)
ou writev(2)
pour envoyer les
en-têtes avant d'appeler sendfile(2)
.
/65: write(4, " 1 2 7 . 0 . 0 . 1 - ".., 78) = 78
Cet appel à write(2)
enregistre la requête dans le journal
des accès. Notez qu'une des choses manquant à cette trace est un appel à
time(2)
. A la différence d'Apache 1.3, Apache 2.x utilise
gettimeofday(3)
pour consulter l'heure. Sur certains systèmes
d'exploitation, comme Linux ou Solaris, gettimeofday
est
implémenté de manière optimisée de telle sorte qu'il consomme moins de
ressources qu'un appel système habituel.
/65: shutdown(9, 1, 1) = 0 /65: poll(0xFAF7B980, 1, 2000) = 1 /65: read(9, 0xFAF7BC20, 512) = 0 /65: close(9) = 0
Le thread de worker effectue une fermeture "en prenant son temps" (lingering close) de la connexion.
/65: close(10) = 0 /65: lwp_park(0x00000000, 0) (sleeping...)
Enfin, le thread de worker ferme le fichier qu'il vient de délivrer et se bloque jusqu'à ce que le thread en écoute lui assigne une autre connexion.
/67: accept(3, 0x001FEB74, 0x001FEB94, 1) (sleeping...)
Pendant ce temps, le thread à l'écoute peut accepter une autre connexion
à partir du moment où il a assigné la connexion présente à un thread de
worker (selon une certaine logique de contrôle de flux dans le MPM worker
qui impose des limites au thread à l'écoute si tous les threads de worker
sont occupés). Bien que cela n'apparaisse pas dans cette trace,
l'accept(2)
suivant peut (et le fait en général, en situation
de charge élevée) s'exécuter en parallèle avec le traitement de la
connexion qui vient d'être acceptée par le thread de worker.