Serveur HTTP Apache Version 2.5
La fonctionnalité suEXEC permet l'exécution des programmes CGI et SSI sous un utilisateur autre que celui sous lequel s'exécute le serveur web qui appelle ces programmes. Normalement, lorsqu'un programme CGI ou SSI est lancé, il s'exécute sous le même utilisateur que celui du serveur web qui l'appelle.
Utilisée de manière appropriée, cette fonctionnalité peut réduire considérablement les risques de sécurité encourus lorsqu'on autorise les utilisateurs à développer et faire s'exécuter des programmes CGI ou SSI de leur cru. Cependant, mal configuré, suEXEC peut causer de nombreux problèmes et même créer de nouvelles failles dans la sécurité de votre ordinateur. Si vous n'êtes pas familier avec la gestion des programmes setuid root et les risques de sécurité qu'ils comportent, nous vous recommandons vivement de ne pas tenter d'utiliser suEXEC.
Avant de foncer tête baissée dans la lecture de ce document, vous devez tenir compte de certaines hypothèses concernant vous-même et l'environnement dans lequel vous allez utiliser suexec.
Premièrement, vous devez utiliser un système d'exploitation UNIX ou dérivé, capable d'effectuer des opérations setuid et setgid. Tous les exemples de commande sont donnés en conséquence. D'autres plates-formes, même si elles supportent suEXEC, peuvent avoir une configuration différente.
Deuxièmement, vous devez être familier avec les concepts de base relatifs à la sécurité de votre ordinateur et son administration. Ceci implique la compréhension des opérations setuid/setgid et des différents effets qu'elles peuvent produire sur votre système et son niveau de sécurité.
Troisièmement, vous devez utiliser une version non modifiée du code de suEXEC. L'ensemble du code de suEXEC a été scruté et testé avec soin par les développeurs et de nombreux bêta testeurs. Toutes les précautions ont été prises pour s'assurer d'une base sûre de code non seulement simple, mais aussi solide. La modification de ce code peut causer des problèmes inattendus et de nouveaux risques de sécurité. Il est vivement recommandé de ne pas modifier le code de suEXEC, à moins que vous ne soyez un programmeur spécialiste des particularités liées à la sécurité, et souhaitez partager votre travail avec l'équipe de développement du serveur HTTP Apache afin de pouvoir en discuter.
Quatrièmement et dernièrement, l'équipe de développement du serveur HTTP Apache a décidé de ne PAS inclure suEXEC dans l'installation par défaut d'Apache httpd. Pour pouvoir mettre en oeuvre suEXEC, l'administrateur doit porter la plus grande attention aux détails. Après avoir bien réfléchi aux différents points de la configuration de suEXEC, l'administrateur peut l'installer selon les méthodes classiques. Les valeurs des paramètres de configuration doivent être déterminées et spécifiées avec soin par l'administrateur, afin de maintenir la sécurité du système de manière appropriée lors de l'utilisation de la fonctionnalité suEXEC. C'est par le biais de ce processus minutieux que nous espérons réserver l'installation de suEXEC aux administrateurs prudents et suffisamment déterminés à vouloir l'utiliser.
Vous êtes encore avec nous ? Oui ? Bien. Alors nous pouvons continuer !
Avant d'installer et configurer suEXEC, nous allons tout d'abord décrire le modèle de sécurité que vous êtes sur le point d'implémenter. Vous devriez ainsi mieux comprendre ce qui se passe vraiment à l'intérieur de suEXEC et quelles précautions ont été prises pour préserver la sécurité de votre système.
suEXEC est basé sur un programme "conteneur" (wrapper) setuid qui est appelé par le serveur HTTP Apache principal. Ce conteneur est appelé quand une requête HTTP concerne un programme CGI ou SSI que l'administrateur a décidé de faire s'exécuter sous un utilisateur autre que celui du serveur principal. Lorsqu'il reçoit une telle requête, Apache httpd fournit au conteneur suEXEC le nom du programme, ainsi que les identifiants utilisateur et groupe sous lesquels le programme doit s'exécuter.
Le conteneur effectue ensuite les vérifications suivantes afin de déterminer la réussite ou l'échec du processus -- si une seule de ces conditions n'est pas vérifiée, le programme journalise l'erreur et se termine en retournant un code d'erreur, sinon il continue :
Ceci permet de s'assurer que l'utilisateur qui exécute le conteneur est vraiment un utilisateur appartenant au système.
Le conteneur ne s'exécutera que si on lui fournit un nombre d'arguments correct. Le serveur HTTP apache sait quel est le bon format des arguments. Si le conteneur ne reçoit pas un nombre d'arguments correct, soit il a été modifié, soit quelque chose ne va pas dans la portion suEXEC de votre binaire Apache httpd.
Cet utilisateur est-il celui autorisé à exécuter le conteneur ? Un seul utilisateur (celui d'Apache) est autorisé à exécuter ce programme.
Le chemin du programme CGI ou SSI cible débute-t-il par un
'/' ou contient-il une référence arrière '..' ? Ceci est
interdit ; le programme CGI ou SSI cible doit se trouver dans
la hiérarchie de la racine des documents de suEXEC (voir
--with-suexec-docroot=DIR
ci-dessous).
L'utilisateur cible existe-t-il ?
Le groupe cible existe-t-il ?
suEXEc ne permet pas à
root
d'exécuter des programmes CGI/SSI.
Le numéro d'identifiant utilisateur minimum est défini à l'exécution du script configure. Ceci vous permet de définir le numéro d'identifiant utilisateur le plus bas qui sera autorisé à éxécuter des programmes CGI/SSI. En particulier, cela permet d'écarter les comptes système.
Actuellement, suEXEC ne permet pas au groupe
root
d'exécuter des programmes CGI/SSI.
Le numéro d'identifiant de groupe minimum est spécifié lors de l'exécution du script configure. Ceci vous permet de définir l'identifiant de groupe le plus bas possible qui sera autorisé à exécuter des programmes CGI/SSI, et est particulièrement utile pour écarter les groupes "système".
C'est ici que le programme obtient l'identité des utilisateur et groupe cibles via des appels à setuid et setgid. De même, la liste des accès groupe est initialisée avec tous les groupes auxquels l'utilisateur cible appartient.
S'il n'existe pas, il ne peut pas contenir de fichier. Et si l'on ne peut pas s'y positionner, il n'existe probablement pas.
Si la requête concerne une portion de la racine du serveur,
le répertoire demandé est-il dans la hiérarchie de la racine
des documents de suEXEC ? Si la requête concerne un
UserDir
, le répertoire demandé est-il dans
la hiérarchie du répertoire défini comme le répertoire
utilisateur de suEXEC (voir les
options de configuration de suEXEC) ?
Le répertoire ne doit pas être ouvert aux autres utilisateurs ; seul l'utilisateur propriétaire doit pouvoir modifier le contenu du répertoire.
S'il n'existe pas, il ne peut pas être exécuté.
Les utilisateurs autres que le propriétaire ne doivent pas pouvoir modifier le programme CGI/SSI.
Les programmes cibles ne doivent pas pouvoir modifier à nouveau les identifiants utilisateur/groupe.
L'utilisateur est-il le propriétaire du fichier ?
suExec nettoie l'environnement des processus en établissant un chemin d'exécution sûr (défini lors de la configuration), et en ne passant que les variables dont les noms font partie de la liste de l'environnement sûr (créée de même lors de la configuration).
C'est là où l'exécution de suEXEC s'arrête et où commence celle du programme CGI/ssi cible.
Ce sont les opérations standards effectuées par le modèle de sécurité du conteneur suEXEC. Il peut paraître strict et est susceptible d'imposer de nouvelles limitations et orientations dans la conception des programmes CGI/SSI, mais il a été développé avec le plus grand soin, étape par étape, en se focalisant sur la sécurité.
Pour plus d'informations sur la mesure dans laquelle ce modèle de sécurité peut limiter vos possibilités au regard de la configuration du serveur, ainsi que les risques de sécurité qui peuvent être évités grâce à une configuration appropriée de suEXEC, se référer à la section "Avis à la population !" de ce document.
C'est ici que nous entrons dans le vif du sujet.
Options de configuration de suEXEC
--enable-suexec
--with-suexec-xxxxx
doit accompagner l'option
--enable-suexec
pour qu'APACI (l'utilitaire de
configuration de la compilation d'Apache) accepte votre demande
d'utilisation de la fonctionnalité suEXEC.--enable-suexec-capabilities
suexec
est installé en mode "setuid/setgid root", ce
qui lui permet de s'exécuter avec la totalité des privilèges de
l'utilisateur root. Avec cette option, le binaire
suexec
sera installé avec seulement les bits
setuid/setgid "capability" définis, ce qui constitue un
sous-ensemble des privilèges de root pour les opérations de
suexec. Notez que dans ce mode, le binaire suexec
ne
sera pas en mesure d'écrire dans un fichier journal ; il est donc
recommandé dans ce mode d'utiliser les options
--with-suexec-syslog --without-suexec-logfile
, afin
d'utiliser la jounalisation syslog.--with-suexec-bin=PATH
suexec
doit être codé en
dur dans le serveur pour des raisons de sécurité. Cette option
vous permet de modifier le chemin par défaut.
Par exemple
--with-suexec-bin=/usr/sbin/suexec
--with-suexec-caller=UID
--with-suexec-userdir=DIR
UserDir
"simple" (c'est à dire ne contenant pas de
"*"), l'option --with-suexec-userdir
devra contenir la même valeur. SuEXEC ne fonctionnera pas
correctement si la directive UserDir
contient une valeur
différente du répertoire home de l'utilisateur tel qu'il est
défini dans le fichier passwd
. la valeur par défaut
est "public_html
".UserDir
différente
pour chacun d'entre eux, vous devrez faire en sorte que chaque
UserDir possède un répertoire parent commun ; donnez alors à
l'option --with-suexec-userdir le nom
de ce répertoire commun. Si tout ceci n'est pas défini
correctement, les requêtes CGI "~userdir" ne fonctionneront
pas !--with-suexec-docroot=DIR
UserDir
) dans laquelle la fonctionnalité suEXEC
pourra être utilisée. La valeur par défaut est la valeur de
--datadir
accompagnée du suffixe
"/htdocs
" ;
Par exemple, si vous exécutez configure avec
"--datadir=/home/apache
", la valeur
"/home/apache/htdocs
" sera utilisée par défaut comme
racine des documents pour le conteneur suEXEC.--with-suexec-uidmin=UID
--with-suexec-gidmin=GID
--with-suexec-logfile=FILE
suexec_log
" et se trouve dans votre
répertoire standard des fichiers journaux défini par
--logfiledir
--with-suexec-syslog
--without-suexec-logfile
.--with-suexec-safepath=PATH
/usr/local/bin:/usr/bin:/bin
".Si vous avez activé la fonctionnalité suEXEC à l'aide de
l'option --enable-suexec
, le binaire
suexec
sera automatiquement construit (en même temps
que httpd) lorsque vous exécuterez la commande
make
.
Lorsque tous les composants auront été construits, vous pourrez
exécuter la commande make install
afin de les
installer. Le binaire suexec
sera installé dans le
répertoire défini à l'aide de l'option --sbindir
. La
localisation par défaut est "/usr/local/apache2/bin/suexec".
Veuillez noter que vous aurez besoin des
privilèges root pour passer l'étape de
l'installation. Pour que le conteneur puisse changer
l'identifiant utilisateur, il doit avoir comme propriétaire
root
, et les droits du fichier doivent
inclure le bit d'exécution setuserid.
Bien que le conteneur suEXEC vérifie que l'utilisateur qui
l'appelle correspond bien à l'utilisateur spécifié à l'aide de
l'option --with-suexec-caller
du programme
configure
, il subsiste toujours le risque qu'un
appel système ou une bibliothèque fasse appel à suEXEC avant que
cette vérification ne soit exploitable sur votre système. Pour
tenir compte de ceci, et parce que c'est en général la meilleure
pratique, vous devez utiliser les permissions du système de
fichiers afin de vous assurer que seul le groupe sous lequel
s'exécute httpd puisse faire appel à suEXEC.
Si, par exemple, votre serveur web est configuré pour s'exécuter en tant que :
User www Group webgroup
et suexec
se trouve à
"/usr/local/apache2/bin/suexec", vous devez exécuter les
commandes
chgrp webgroup /usr/local/apache2/bin/suexec
chmod 4750 /usr/local/apache2/bin/suexec
Ceci permet de s'assurer que seul le groupe sous lequel httpd s'exécute (ici webgroup) puisse faire appel au conteneur suEXEC.
Au démarrage, httpd vérifie la présence du fichier
suexec
dans le répertoire défini par
l'option --sbindir
du script configure (le
répertoire par défaut est "/usr/local/apache/sbin/suexec"). Si
httpd trouve un conteneur suEXEC correctement configuré, il
enregistrera le message suivant dans le journal des erreurs :
[notice] suEXEC mechanism enabled (wrapper: /path/to/suexec)
Si ce message n'est pas généré au démarrage du serveur, ce dernier ne trouve probablement pas le programme conteneur à l'endroit où il est sensé être, ou l'exécutable suexec n'est pas installé en setuid root.
Si le serveur HTTP Apache est déjà en cours d'exécution, et si vous activez le mécanisme suEXEC pour la première fois, vous devez arrêter et redémarrer httpd. Un redémarrage à l'aide d'un simple signal HUP ou USR1 suffira.
Pour désactiver suEXEC, vous devez supprimer le fichier
suexec
, puis arrêter et redémarrer
httpd.
Les requêtes pour des programmes CGI ne feront appel au
conteneur suEXEC que si elles concernent un hôte virtuel
contenant une directive SuexecUserGroup
, ou si elles sont
traitées par mod_userdir
.
Hôtes virtuels :
Une des méthodes
d'utilisation du conteneur suEXEC consiste à insérer une
directive SuexecUserGroup
dans une section
VirtualHost
. En définissant
des valeurs différentes de celles du serveur principal, toutes les
requêtes pour des ressources CGI seront exécutées sous
les User et Group définis pour cette section
<VirtualHost>
. Si cette
directive est absente de la section <VirtualHost>
, l'utilisateur du
serveur principal sera pris par défaut
Répertoires des utilisateurs :
Avec
cette méthode, les
requêtes traitées par mod_userdir
appelleront le
conteneur suEXEC pour exécuter le programme CGI sous l'identifiant
utilisateur du répertoire utilisateur concerné. Seuls prérequis
pour pouvoir accéder à cette fonctionnalité : l'exécution des CGI
doit être activée pour l'utilisateur concerné, et le script doit
passer avec succès le test des vérifications de
sécurité décrit plus haut. Voir aussi l'
option de compilation
--with-suexec-userdir
.
Le conteneur suEXEC va écrire ses informations de journalisation
dans le fichier défini par l'option de compilation
--with-suexec-logfile
comme indiqué plus haut,
ou vers syslog si l'option --with-suexec-syslog
est
utilisée. Si vous
pensez avoir configuré et installé correctement le conteneur,
consultez ce journal, ainsi que le journal des erreurs du serveur
afin de déterminer l'endroit où vous avez fait fausse
route. Si vous utilisez une distribution binaire, la commande
"suexec -V"
vous permet de déterminer quelles options
ont été utilisées pour compiler suexec.
NOTE ! Cette section est peut-être incomplète.
Quelques points importants du conteneur peuvent imposer des contraintes du point de vue de la configuration du serveur. Veuillez en prendre connaissance avant de soumettre un rapport de bogue à propos de suEXEC.
Points importants à propos de suEXEC
Pour des raisons de sécurité et d'efficacité, toutes les requêtes suEXEC ne doivent concerner que des ressources situées dans la racine des documents définie pour les requêtes concernant un hôte virtuel, ou des ressources situées dans la racine des documents définies pour les requêtes concernant un répertoire utilisateur. Par exemple, si vous avez configuré quatre hôtes virtuels, vous devrez définir la structure des racines de documents de vos hôtes virtuels en dehors d'une hiérarchie de documents principale de httpd, afin de tirer parti de suEXEC dans le contexte des hôtes virtuels (Exemple à venir).
Modifier cette variable peut s'avérer dangereux. Assurez-vous que tout chemin que vous ajoutez à cette variable est un répertoire de confiance. Vous n'avez probablement pas l'intention d'ouvrir votre serveur de façon à ce que l'on puisse y exécuter un cheval de Troie.
Encore une fois, ceci peut vous causer de graves ennuis si vous vous y essayez sans savoir ce que vous faites. Evitez de vous y risquer dans la mesure du possible.